Au tout début de l’épidémie de Covid-19, l’arrêt d’un des deux hauts-fourneaux d’ArcelorMittal à Fos-sur-Mer a provoqué un vent de panique quant à l’avenir du site. Depuis, les machines ont redémarré mais dans un avenir proche, cette fermeture est bel et bien programmée. Cependant, ce serait pour la bonne cause. À l’occasion de la visite de Jean Castex sur le site de Dunkerque vendredi 4 février, l’aciériste a présenté son plan de décarbonation qui prévoit de remplacer trois de ses cinq hauts-fourneaux français par des technologies plus écologiques à l’horizon 2030.
France 2030 : l’État promet d’aider la transition d’ArcelorMittal
Avec ses deux usines de Dunkerque et Fos-sur-Mer, ArcelorMittal est responsable de 25% des émissions industrielles de gaz à effet de serre du pays. Un triste record auquel l’industriel veut mettre fin. Pour ce faire, il engage un vaste plan de transition énergétique de 1,7 milliard d’euros pour réduire de 40% ses émissions d’ici 2027, soit 7,8 millions de tonnes de CO² par an. Un engagement salué par le Premier ministre qui promet de soutenir le groupe dans sa démarche : « Nous avons conclu un partenariat extrêmement important, historique, avec ArcelorMittal, annonce-t-il à Dunkerque. Il fixe une feuille de route pour les aciéries de Fos et de Dunkerque avec du recyclage de l’acier, en utilisant comme source d’énergie, de l’électricité décarbonée, en utilisant l’hydrogène qui se substitue au charbon. Ces investissements permettront de moderniser ces deux sites, avec un objectif là aussi qui nous réunit, quantifié très clair : une baisse de 10% de nos émissions industrielles, un tiers de l’effort total à faire d’ici 2030 pour l’industrie, 2 % de nos émissions totales ; c’est tout à fait considérable » se félicite le locataire de Matignon. Via le plan France 2030, le gouvernement va consacrer une enveloppe de 4 milliards d’euros sur cinq ans pour soutenir la décarbonation des 25 sites industriels qui concentrent les 40% des émissions industrielles françaises, dont ceux d’ArcelorMittal. La part exacte apportée au géant de la sidérurgie n’est pas encore arrêtée.
En investissant massivement dans la mutation des secteurs qui émettent le plus de CO₂, nous allons faire entrer la France dans l’ère de la décarbonation et faire de notre pays un leader de l’industrie verte.#France2030 y consacrera 5,6 milliards d’euros. pic.twitter.com/Exz8shDIR6
— Jean Castex (@JeanCASTEX) February 4, 2022
Fos se spécialise dans l’acier recyclé
ArcelorMittal profitait déjà du soutien de l’État français pour le verdissement de ses activités. En mars 2021, Bruno le Maire a annoncé une aide de 15 millions d’euros via le Plan de relance pour l’installation d’un « four poche » prévu en 2023 permettant de réchauffer l’acier liquide et de produire ainsi davantage d’acier recyclé. Dans son plan de décarbonation, ArcelorMittal annonce l’arrivée en complément d’un four à arc électrique pour remplacer l’un de ses deux hauts-fourneaux au charbon. Cette technologie est connue, maitrisée et déjà utilisée sur l’usine de Hambourg pour produire de l’acier recyclé mais dans des proportions moins importantes que Fos-sur-Mer : « Ces investissements vont faire de Fos-sur-Mer un site de référence pour la production d’acier circulaire, produit à partir d’acier recyclé, à faible empreinte CO2 », affirme ArcelorMittal.
L’hydrogène et la captage de CO² pour la neutralité carbone
Le gouvernement a choisi de visiter Dunkerque car l’usine du Nord semble avoir un temps d’avance sur sa petite sœur des Bouches-du-Rhône. ArcelorMittal a présenté son procédé de réduction directe de l’oxydation du minerai de fer avec de l’hydrogène. Le groupe discute déjà avec Air Liquide pour se fournir en gaz renouvelable et prévoit la mise en service de cette nouvelle unité en 2027. Une technologie qui pourra être mise en place un peu plus tard à Fos-sur-Mer. Mais l’objectif final d’ArcelorMittal est d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Aussi, il évoque déjà la suite des opérations avec le captage-stockage et le captage-utilisation du CO² en cours d’expérimentation « dans la mesure où les technologies et la réglementation en auront confirmé le potentiel », tempère-t-il cependant.
Pour le groupe de sidérurgie, cette transition énergétique est inévitable : « Elle contribuera au maintien et au développement de l’industrie de l’acier en France. Elle soutiendra aussi le renforcement et le développement des écosystèmes régionaux, avec la création de dynamiques positives et durables pour l’emploi et l’activité industrielle en France, en particulier dans les régions de Dunkerque et de Fos-sur-Mer », assure-t-il. Pour rappel, l’usine de Fos emploie quelque 2 500 personnes et 1 500 sous-traitants.
🎥 ArcelorMittal is developing second low-emissions steelmaking pathway, Innovative DRI, which proposes to replace natural gas used in standard DRI with green hydrogen. This would enable zero-carbon steelmaking once green hydrogen becomes cost-effective & readily available 🧩 pic.twitter.com/UTcSHmdgxg
— ArcelorMittal (@ArcelorMittal) February 2, 2022
Liens utiles :
> [Industrie] Renaud Muselier appelle Bruno Le Maire à sauver l’usine ArcelorMittal de Fos
> ArcelorMittal, Airbus Helicopters, Cnim… Le Maire en soutien de l’industrie métropolitaine
> Pollution : ArcelorMittal de retour sur le banc des accusés
> ArcelorMittal : la CGT dénonce un plan social sur 400 postes, la direction dément