L’opposition dénonce le manque d’ambition de la mairie
Même chose pour la salle de spectacles annoncée. La mairie impose un équipement de 800 places pour une programmation musicale, théâtrale et la possibilité d’accueillir des séminaires et des congrès. « Or nous avons davantage besoin d’une salle de 2 000 à 3 000 places, notamment pour accueillir des congrès d’affaires de niveau élevé », répond Monica Michel. Globalement, la candidate à la mairie aurait préféré un complexe avec une offre plus diversifiée. Elle émet notamment l’idée d’inclure un centre de loisirs aquatique au projet : « L’état des piscines de la commune est préoccupant. L’offre est insuffisante pour la population d’Arles. Le complexe casinotier devrait être conçu de façon à répondre à cette insuffisance d’équipement aquatique ou de bien-être populaire et proposer une offre ambitieuse de type centre de sport intérieur, piscine extérieure et piscine couverte et spa complet, associant une partie ouverte au grand public et une partie privative pour les clients du complexe casinotier », décrit-elle.
Enfin, autre reproche, le choix du terrain. Le casino est prévu sur l’emplacement de l’ancienne gare maritime sur la rive droite du Rhône. Il appartient pour l’heure à la SNCF qui doit le céder à la mairie « L’un des plus beaux emplacements de la ville », rappelle Christian Mourisard. « Une fois aménagé, il va faire partie de la carte postale d’Arles visible à travers le monde entier. Je m’inquiète pour la qualité architectural du projet. On devrait y faire autre chose qu’un Casino au rabais », dénonce-t-il. La Ville assure cependant porter une attention toute particulière au côté esthétique, exigeant du candidat la participation « d’un architecte de renom ». Selon certaines sources, Rudy Ricciotti, le concepteur du Mucem à Marseille, aurait été sollicité pour dessiner le futur complexe. Et les grands groupes casinotiers seraient également déjà sur les rangs.
Partouche et Barrière en pole position
Avec ses deux millions de visiteurs par an, Arles attise les convoitises et ce projet de casino attire d’ores et déjà les grands acteurs du secteur. Au conseil municipal, le premier adjoint du maire, Patrick Chauvin, a confirmé que le groupe Partouche s’est montré intéressé. Toute la famille propriétaire de la société se serait rendue dans le bureau d’Hervé Schiavetti. Le deuxième grand exploitant français, Barrière, a également fait plusieurs fois le déplacement à Arles pour discuter de sa vision du projet. La mairie chiffre le montant total d’investissement nécessaire à 100 millions d’euros, la moitié pour l’hôtel avec salle de spectacle et le reste pour le seul casino. L’avis de concession publié fin octobre avait initialement fixé la date de limite de réception des candidatures au 2 décembre mais elle a finalement été repoussée au 16 décembre. Les propositions seront ensuite étudiées pour une première sélection des candidats finalistes, puis une deuxième étape désignera le groupement retenu. Cette procédure pourrait aller très vite pour choisir un opérateur avant les prochaines élections. « Une bien étrange façon de forcer la main de la prochaine équipe municipale qui sera bien obligée de se débattre avec ce projet bâclé », regrette Monica Michel. La députée alerte également sur le coût potentiel pour la Ville. L’avis de concession prévoit en effet un remboursement des frais engagés par les candidats écartés par le jury, une procédure classique mais qui pourrait revenir cher à la ville, jusqu’à deux millions d’euros au total.