La Société publique locale d’aménagement d’intérêt national (SPLA-In) chargée de piloter la rénovation du centre-ville de Marseille a enfin choisi son directeur général et élu son président lors du conseil d’administration du 18 février. Ce dernier, David Ytier, également vice-président au logement de la Métropole Aix Marseille Provence, explique ses prochaines priorités.
La SPLA-In a tenu son deuxième conseil d’administration jeudi 18 février. Quelles décisions ont été prises ?
David Ytier : Le dernier conseil d’administration était particulièrement important. Il a permis d’élire un président et de choisir un directeur général, Franck Caro, avec un vrai jury de recrutement composé de manière collégial par des représentants de la mairie de Marseille, de la Métropole et de l’Etat. Ça a été un vrai travail d’équipe qui a prouvé que l’on pouvait s’entendre et avancer sur les dossiers importants. On dit souvent que la mairie et la métropole n’arrivent pas à s’entendre. A la SPLA-IN, ça se passe très bien. Je le rappelle : je suis là pour animer une équipe, pas pour tout décider tout seul. C’est un outil collaboratif pour résoudre un problème qui dépasse les clivages politiques. On avait à cœur de montrer qu’on était capable d’attirer les meilleurs profils à Marseille et l’arrivée d’un homme de l’expérience de Franck Caro le prouve. Nous avons reçu une quarantaine de candidatures de toute la France. Cela démontre notre attractivité.
Quelle est la prochaine étape ?
D.Y : Franck Caro est toujours en poste à l’Etablissement public d’aménagement de Paris-Saclay et il doit arriver à la fin du mois de mars à Marseille pour prendre ses fonctions. Le nouveau directeur général a un rôle pivot pour la lutte contre l’habitat indigne à Marseille. Il devra concrétiser toutes les décisions prises par le conseil d’administration et pour y parvenir, nous allons rapidement constitué une équipe autour de lui pour commencer à travailler, notamment sur les diagnostics et les études.
Combien de personnes vont travailler pour la SPLA-IN ?
D.Y : On va commencer en équipe réduite que l’on comptera certainement sur les doigts d’une main au début. Pour le moment, on est à la recherche de techniciens, de juristes et de spécialiste du portage foncier. En attendant que l’équipe s’étoffe, elle pourra toujours s’appuyer par les ressources de l’Etat, de la Ville et de la Métropole qui connaissent bien les sujets. Mais à terme, il faudra bien entendu recruter beaucoup plus de personnels.
Concrètement, comment la SPLA-IN va-t-elle intervenir ?
D.Y : La SPLA-IN doit permettre d’avoir une vision globale et précise des chantiers à attaquer sur le centre-ville de Marseille. On doit agir îlot par îlot et non plus se contenter des façades sur un immeuble ou deux. Alors, elle doit d’abord établir un diagnostic précis avant d’engager les travaux. Ensuite, on devra certainement passer par la maîtrise foncière du bâti. L’Etablissement public foncier Paca (EPF) sait très bien faire ces choses là et pourra nous aider. Ensuite, place aux travaux. Dans ce cadre, la SPLA-IN portera la maitrise d’ouvrage.
Quel est son périmètre d’action pour le moment ?
D.Y : En tout, le Projet partenarial d’aménagement (PPA) a défini une zone d’intervention de 1 000 hectares sur le centre-ville de Marseille et à l’intérieur de ce périmètre, nous avons identifié quatre premiers îlots prioritaires : Noailles-Ventre (1er), Noailles-Delacroix (1er), Clovis Hugues/Belle de Mai (3e) et Hoche-Versailles (3e). Ces quatre zones regroupent un total de 1 927 logements dans 317 immeubles.
Cela fait plus de deux ans que l’on parle de ces îlots. Aucun travail n’a été fait depuis ?
D.Y : Si, bien sûr. La Soleam (Société locale d’équipement et d’aménagement de l’aire métropolitaine, NDLR) porte la concession de lutte contre l’habitat indigne pour la Métropole. Elle doit notamment lancer les travaux de rénovation à Noailles mais elle attend les autorisations de la mairie. La SPLA-IN va tenter de débloquer la situation. Côté Métropole, nous n’avons pas attendu la constitution de la SPLA-IN pour avancer. Lors du dernier conseil métropolitain, nous avons voté une délibération pour augmenter le budget alloué au lancement des études sur les quatre zones prioritaires (*). Il est passé de 1,5 millions d’euros à 4,5 millions d’euros. Les consultations vont bientôt être lancées pour sélectionner les entreprises qui mèneront ces études.
La Soleam s’occupe donc de l’habitat indigne. Comment va s’articuler le travail avec la SPLA-IN ?
D.Y : Effectivement, la Soleam travaille sur ces sujets et elle a la concession de la Métropole. Mais à terme, il faudra peut-être transférer cette concession à, la SPLA-IN. Le sujet n’est pas tranché mais ce sera bien la SPLA-IN qui sera le bras armé du territoire pour rénover l’habitat ancien. La SPLA-IN ne doit pas être une couche supplémentaire qui vient complexifier le millefeuille administratif. Elle doit combler un manque.
Quel est son budget et comment va-t-elle financer les opérations ?
D.Y : La SPLA-IN dispose d’un capital de départ (14,3 millions d’euros) apporté par les trois actionnaires : la Métropole (59%), l’Etat (35%) et la Ville de Marseille (6%). Il va permettre de démarrer mais le plan d’affaires évoluera en fonction des choix qui seront fait. Dans leur feuille de route annoncée en 2019, l’Etat et les collectivités ont prévu un budget de 217 millions d’euros pour les premières opérations sur les quatre îlots prioritaires. Quand nous décideront d’attaquer d’autres quartiers, il faudra certainement faire évoluer ce plan d’affaires. Il faut rappeler qu’à terme la SPLA-IN a une vocation métropolitaine et sera amenée à intervenir sur bien d’autres villes comme Aix, Salon, Berre, Marignane qui sont aussi touchées par l’habitat indigne. Attention, les collectivités ne pourront pas financer toutes seules ses futures opérations. L’Etat devra apporter son soutien.
(*) Document source : la délibération de la Métropole
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