Le contexte politique national, avec le 1er tour des élections législatives prévu ce dimanche 28 juin, n’empêche pas la vie politique locale de suivre son cours. C’est ainsi que s’est tenu, jeudi 27 juin, l’assemblée plénière de la Métropole Aix-Marseille Provence. L’actualité nationale n’a pas obéré les débats … du moins presque. La séance avait pourtant bien démarré, marquée par des échanges plus que cordiaux dans un hémicycle métropolitain rebaptisé du nom de l’ancien maire de Marseille Jean-Claude Gaudin, décédé le 20 mai dernier. Après un moment de recueillement, une nouvelle élue métropolitaine, Sophie Chave (par ailleurs conseillère municipale aux Pennes-Mirabeau), fait son entrée, en remplacement de Monique Slissa, démissionnaire. Les élections sont ensuite tout juste évoquées par Martine Vassal pour rappeler aux élus le règlement en période électorale : « Pour la sérénité des débats, toute intervention est strictement limitée aux sujets à l’ordre du jour et aux compétences métropolitaines. Toute intervention en lien avec la campagne électorale relèvera d’un abus », prévient ainsi la présidente de la Métropole.
Les élus embrayent donc sur un sujet bien local : le vote des comptes de gestion et administratifs de 2023 de l’intercommunalité, alors que le classement de la Métropole par l’agence de notation financière Fitch vient d’être revue à la hausse, passant de A+ à AA-. Bien qu’en désaccord – l’opposition de fauche s’abstient et le groupe aixois vote contre – le ton reste posé dans les interventions. « Nous reconnaissons volontiers vos efforts budgétaires incontestable pour gérer un héritage budgétaire compliqué, voire infernal » salue même l’élu aixois Jean-Christophe Gruvel, à l’attention du vice-président aux finances métropolitaines Didier Khelfa.
L’entente est toujours de mise lorsque vient la présentation du bilan de la mission d’information sur la collecte des déchets – un sujet qui habituellement suscite les passions, d’autant que le rapport soulève plusieurs dysfonctionnements dans le système actuel de collecte des déchets (voir notre précédent article). Il est présenté par l’élue écologiste marseillaise Christine Juste, par ailleurs candidate sous la bannière Nouveau front populaire aux législatives, dans la 6e circonscription. Ce qui n’empêche pas la majorité métropolitaine de centre-droit de saluer le travail mené : « Vous travaillez remarquablement bien » félicite même d’un ton mielleux Martine Vassal qui promet de confier au groupe d’opposition une nouvelle mission sur le sujet.
Conseil métropolitain : dérapage sur le boulevard Urbain Sud
Les échanges montent d’un cran lorsque la question du projet du boulevard Urbain Sud, qui vise à désengorger la circulation dans les quartiers Sud de Marseille, est mise sur la table. Un sujet, vieux serpent de mer, régulièrement source de tensions entre la gauche et la droite marseillaise. L’élue Perrine Prigent (Printemps Marseillais) lance les hostilités : « Ce projet de BUS est un projet du passé, qui fait la part belle aux mobilités lourdes, aux camions. Il menace les espaces verts que sont le parc de la Mathilde ou encore la pinède du Roy d’Espagne. Au total, 11 hectares de surface vont être imperméabilisés et bétonnés. Nous voulons un projet qui permettre de développer les mobilités douces tout en préservant les poumons verts » plaide l’élue, qui suggère à la Métropole de déplacer les 50 millions d’euros alloués au projet sur le budget accordé aux élus marseillais pour la voirie. Des remarques qui piquent au vif Lionel Royer-Perreaut, élu métropolitain mais aussi député sortant de la circonscription concernée par le projet : « La délibération prise par la Ville de Marseille visant à ne pas mettre les terrains à disposition pour réaliser le projet a été réputée comme n’ayant jamais existé par la justice administrative. Or, la Ville vient de décider de faire appel. C’est son droit mais je suis surpris que cela se fasse en plein contexte électoral. On ne m’enlèvera pas de l’idée qu’il y a une tentation électorale derrière tout cela… » observe-t-il ainsi.
« Votre obstination est atterrante. Cela m’inquiète de voir que vous ne connaissez pas le dossier, car il n’a jamais été question de supprimer les espaces verts, mais au contraire de construire un boulevard Urbain vert dans le prolongement du boulevard Urbain Sud » s’insurge à son tour Martine Vassal. Il n’en fallait pas plus pour glisser sur le terrain de la politique nationale : « Continuez avec vos obstinations idéologiques, avec vos accord iniques, accords de la honte ! Cela nous arrangera pour 2026 » lance ainsi la présidente de l’hémicycle, en référence au Nouveau front populaire et aux prochaines échéances municipales. « Vous voulez qu’on parle de Sébastien Delogu (accusé sur Internet d’avoir diffusé une vidéo à caractère antisémite, ndlr), que vous soutenez ? Scandale, honte à vous ! » s’emporte Martine Vassal, alors qu’une partie des élus de la gauche quitte l’hémicycle en signe de protestation et que le vice-président Pascal Montécot tente de présenter sa délibération sur le schéma de cohérence territorial (Scot). Ambiance… Les moeurs seront peut-être plus adoucies pour le conseil municipal de Marseille ce vendredi 28 juin – ou pas.
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