Corinne est membre du collectif des Riverains de La Plaine. Comme de nombreux habitants du quartier, elle se dit ravie que cette place ait été rendue aux Marseillais. « C’est très agréable en journée », remarque-t-elle au micro de Gomet’. Mais depuis mercredi 19 mai, date de la réouverture des terrasses, Corinne constate une « occupation incontrôlable de la place une fois la nuit tombée ». Une situation à peine croyable pour celles et ceux qui ne fréquentent la place Jean Jaurès qu’en journée, tant il y fait bon vivre depuis le retour à la vie.
Corinne dénonce un « usage irrespectueux envers les enfants, les jeunes actifs qui doivent aller travailler le lendemain matin et les personnes âgées ». Mais de quel genre de nuisance est-il question ? « Déjà il y a les fanfares, dénonce Corinne. On parle de centaines, de milliers de personnes qui occupent la place à partir de 20 heures 30, explique-t-elle, et d’ajouter : à cause du trafic de drogue et des bagarres, on ne se sent pas en sécurité ». La riveraine se dit inquiète de cette « prise de possession de la place » dont les nuisances « montent crescendo, et de s’interroger : qu’est-ce que ça va être quand il n’y aura plus de couvre-feu ? ».
« Il y a une absence totale des forces de l’ordre et des médiateurs municipaux en soirée »
Maxime, habitant de La Plaine
Contacté par la rédaction, Maxime réside à côté de la place Jean Jaurès. « Une fois que les bars sont fermés à La Plaine, seuls restent les irréductibles fêtards », témoigne-t-il. « Le problème, insiste Maxime, c’est qu’il y a une absence totale des forces de l’ordre et des médiateurs municipaux en soirée […] À 22 heures, vous avez des cars de CRS qui débarquent comme des cow-boys et qui dispersent la foule. C’est tout ou rien ». Maxime ne comprend pas non plus que la vente d’alcool soit effective dans les épiceries de nuit du quartier. Depuis janvier dernier, la municipalité interdit pourtant la vente de boissons alcoolisées à emporter de 22h à 6h du matin à La Plaine.
La Plaine : Pierre Benarroche, maire des 6-8 veut « donner du temps au temps »
Le défi s’annonce ardu pour Pierre Benarroche, maire des 6e-8e arrondissements de Marseille. Il est depuis quelques semaines le coordinateur en charge de La Plaine. Pierre Benarroche, élu en juin 2020 sur la liste du Printemps marseillais, entame une phase d’observation au lendemain de la fin des travaux. « Il faut laisser les pratiques se réinstaller à La Plaine, voir comment ça vit et donner le temps au temps », nous expliquait-il lors d’un entretien jeudi 20 mai. « Mais il est fou ? », s’indigne Corinne. La riveraine ne mâche pas ses mots : « il est complètement dépassé par les évènements, et d’ajouter, Pierre Benarroche sait très bien ce qui se passe à La Plaine, on lui envoie des courriers ». Maxime dénonce quant à lui « le discours d’impuissance et la naïveté » du maire de secteur.
Pierre Benarroche, maire des 6-8 arr. de #Marseille, est l’élu en charge de #LaPlaine 📍 « Jusqu’à présent, on avait trois mairies qui se renvoyaient la balle » 🎙️ Pour favoriser le dialogue entre Ville, CIQ et habitants, un chef de projet est en poste depuis lundi 17 mai 💬 pic.twitter.com/yWHkEsUbyi
— Gomet’ (@Gometmedia) May 21, 2021
Arthur Richard est le chef de projet de la mairie en charge de La Plaine. Sa mission est notamment de favoriser le dialogue entre la Ville, les habitants et les comité d’intérêts de quartier (CIQ) à La Plaine. Pourra-t-il inverser la tendance ? Il est en poste depuis lundi 17 mai.
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