Le département des Bouches-du-Rhône est à nouveau en alerte pollution à l’ozone. Le niveau 1 a été déclenché par la préfecture jeudi 4 août et sera maintenu vendredi avec le retour de plusieurs mesures restrictives. La semaine dernière, l’État s’est félicité des actions mises en place lors du pic de pollution de juillet, notamment la circulation différenciée à Marseille, et a réaffirmé son engagement pour améliorer la qualité de l’air.
Dans un communiqué du 29 juillet, la préfecture rappelle son ambition de travailler avec tous les acteurs locaux, et particulièrement avec la Ville de Marseille, pour associer « le développement économique de la place portuaire et la lutte contre la pollution ». Un objectif affiché qui fait écho aux propos de Clément Beaune, le ministre des Transports, lors de sa visite vendredi dernier dans le bassin industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer. « Je ne veux pas opposer les activités, a déclaré l’énarque, et d’ajouter : on peut concilier le développement avec une exigence écologique ».
On peut concilier le développement avec une exigence écologique
Clément Beaune
Un message indirectement adressé au maire de Marseille, Benoît Payan. Lui qui a lancé une pétition à la mi-juillet visant à interdire les escales des navires les plus émetteurs lors des épisodes de pollution à Marseille, et à créer une zone ECA “emission control area” – son manifeste totalise aujourd’hui 47 500 signatures. Entre temps, la Ville a rejoint le plan “Escales zéro fumée”, piloté par la Région Sud – plan que soutient déjà l’État à hauteur de 10,5 millions d’euros. Ce dispositif vise à réduire la pollution aérienne des navires de croisière avec le développement des branchements électriques à quai et le financement de filtres à particules. Benoît Payan a proposé d’injecter 10 millions d’euros à condition que l’électrification du terminal croisière de Marseille, prévue pour 2025, « gagne un an ».
L’État pousse en faveur de la création d’une zone ECA en 2025
À partir du 1er janvier 2025, une zone d’émissions contrôlées pour le soufre (SECA) sera effective en mer Méditerranée. L’organisation maritime internationale (OMI) a approuvé sa création le 10 juin dernier. Autrement dit, et conformément à la réglementation européenne, les navires à quai dans le port de Marseille devront utiliser un carburant dont la teneur en soufre ne dépasse pas les 0,1% pour leurs escales – soit un fuel cinq fois moins polluant que la norme internationale hors-SECA. La préfecture promet également une mobilisation de L’État « pour faire accélérer les travaux relatifs à la création d’une zone ECA en Méditerranée ». La zone ECA est plus stricte que la zone SECA, étant donné qu’en plus de restreindre les émissions soufrées, elle encadre également la pollution à l’oxyde d’azote rejetée par les panaches de fumée. De quoi faire plaisir au maire de Marseille.
🔴 POLLUTION MARITIME
— Benoît Payan (@BenoitPayan) July 29, 2022
Aujourd’hui, j’ai demandé au Ministre des transports d’accroître et d’accélérer les contrôles sur les bateaux les plus polluants entrant dans le Port de Marseille. La France doit désormais plaider pour la création d’une zone ECA en Méditerranée. pic.twitter.com/xwozVjvkQT
Le calendrier prévoyait l’entrée en vigueur d’une zone de contrôle ECA en Méditerranée dès cette année, mais il a pris du retard. Clément Beaune reste optimiste. Il attend une « validation de l’OMI dans les prochains mois » pour « tenir l’échéance de 2025 ». Selon une étude d’impact portée en 2019 par le ministère de la Transition écologique, la mise en place d’une zone ECA en Méditerranée permettrait d’éviter près de 1 730 morts prématurées par an. Le ministre des Transports assure que l’État, face à la pollution de l’air, entend « poursuivre ses missions de contrôles et de financement ». De son côté, la Ville de Marseille salue, dans un communiqué, « les mesures annoncées par l’Etat en matière de lutte contre la pollution maritime ». Des engagements pris à l’issue de « nombreux échanges ces derniers jours », détaille la mairie.
Pollution au soufre : deux navires épinglés dans les bassins ouest du GPMM
À Marseille, pour serrer un peu plus la vis en matière de lutte contre la pollution soufrée (SOx), l’État dispose d’un levier direct. La direction interrégionale de la mer (Dirm) Méditerranée effectue régulièrement des contrôles sur le respect de la réglementation. « En 2022, les contrôles ont concerné, à ce jour, 100 navires dont 23 sur les bassins est du GPMM (le grand port maritime de Marseille, ndlr) et 72 sur les bassins ouest du GPMM », indique la préfecture. Concernant les croisières, « 13 navires à passagers (…) ont été contrôlés sur les bassins est depuis début 2022 ».
Bilan de l’opération : « deux infractions ont été relevées sur les bassins ouest du GPMM (à Fos-sur-Mer, ndlr) », indique la préfecture. « Ces inspections ont fait l’objet de procès-verbaux transmis au parquet de Marseille en charge des poursuites judiciaires », précise la Dirm Méditerranée dans son rapport. En 2018, le commandant du paquebot Azura a été condamné en appel par le parquet marseillais à une amende de 100 000 euros pour des faits similaires. L’État promet un renfort des contrôles jusqu’à la rentrée. Puis la Dirm expérimentera entre octobre et novembre des mesures par drones, afin d’évaluer la teneur en soufre directement dans les panaches de fumée.
Document source : le communiqué de la préfecture
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