Greenpeace accuse toujours le groupe pétrolier français de dissimuler les effets réels de sa production d’agrocarburants à base d’huile de palme sur son site de La Mède. Dans un communiqué paru sur le site de Greenpeace le 14 février, l’organisation non gouvernementale accuse la multinationale de continuer à importer de l’huile de palme issue de la déforestation d’Asie.
Au printemps dernier déjà, sur recours de Greenpeace et de cinq autres associations, le tribunal administratif de Marseille avait ordonné à TotalEnergies de revoir son étude d’impact sur le volet climatique concernant sa bioraffinerie de La Mède. L’ONG pointe du doigt non seulement les émissions de CO2 mais également les conséquences de la déforestation.
Alors que TotalEnergies a présenté sa nouvelle étude d’impact en janvier, une enquête publique s’est achevée le 24 février et donnera lieu d’ici peu à un nouvel arrêté d’exploitation calé sur les dernières observations. Mais selon une contre-étude d’impact établie par l’ONG et publiée le 15 février dernier, Total continuerait « d’importer en moyenne 163 000 tonnes d’huile de palme par an sur le sol français ».« TotalEnergies campe sur ses positions et cache l’impact réel de son activité. Ils refusent d’établir une traçabilité claire sur la provenance de leur huile. Nous demandons à nouveau que l’Etat annule l’exploitation de l’usine », précise Laura Monnier, juriste en charge du dossier de La Mède pour Greenpeace, contactée par Gomet’.
« TotalEnergies arrêtera d’importer et d’utiliser de l’huile de palme sur son site de la Mède d’ici la fin de l’année »
Isabelle Patrier, DG de TotalEnergies
Interrogée en marge de l’inauguration du site d’Eranova à Port-Saint-Louis-du-Rhône, vendredi 18 février, dont TotalEnergies est partenaire, la directrice générale France du groupe, Isabelle Patrier, s’est exprimée au micro de Gomet’ : « Total arrêtera d’importer et d’utiliser de l’huile de palme sur ses sites de fabrication de biocarburants d’ici la fin de l’année », a-t-elle assuré, précisant que cette ressource serait remplacée par « des graisses animales, des huiles usagées ou issues de déchets de deuxième génération ». Ce calendrier s’explique selon la directrice générale par « la technologie que [nous] avons implantée sur notre unité de fabrication qui nécessitait des ajustements et le temps de trouver des matières alternatives pour assurer la production ».
Un argumentaire qui ne convainc pas les associations : « Total ne fait que déplacer le problème », estime Sébastien Gourgouras, bénévole au sein de l’antenne marseillaise de Greenpeace. « Les autres sources utilisées constituent d’autres formes de pollution : la graisse animale encourage l’élevage et les huiles usagées, issues de l’agroalimentaire, contribuent à alimenter une logique ultra-consumériste » dénonce le militant. De son côté, Laura Monnier explique que « le fait que TotalEnergies arrête d’utiliser de l’huile de palme ne remet nullement en cause la procédure engagée ».
Contacté, TotalEnergies affirme « être transparent et en conformité avec la loi » : « Nous nous sommes conformés à l’injonction de revoir notre étude d’impact et le pétrole issu de l’huile de palme n’était pas commercialisé en France, la loi l’interdisant, mais en Allemagne et en Belgique. Nous avons utilisé l’huile de palme dans un premier temps car cela était compatible avec le design de la bioraffinerie, mais nous avons procédé à des ajustements depuis. Pour 2022, nous importerons 100 kilos tonnes d’huile de palme (contre 500 auparavant), mais à compter du 1er janvier 2023, TotalEnergies stoppera donc complètement sa production de pétrole à base d’huile de palme, y compris pour sa production internationale », explicite Jérémy Lemière, responsable communication de la bioraffinerie de la Mède. Sur les accusations des associations, il précise que « les graisses animales et huiles usagées prochainement utilisée sont des résidus qui seraient de toute façon brûlés s’ils n’étaient pas utilisés ».
La semaine dernière, mercredi 2 mars, Greenpeace a doublé la procédure engagée contre la Mède d’une plainte conjointe avec Les Amis de la Terre et Notre affaire à tous auprès du tribunal judiciaire de Paris pour « publicité mensongère » à l’encontre de la communication du groupe.
Documents sources : l’étude d’impact de TotalEnergies et la contre-étude de Greenpeace
Liens utiles :
> La tribune de Greenpeace sur La Mède
> Le Conseil constitutionnel rejette l’ultime recours de Total sur l’huile de palme
> [Le telex éco] Total La Mède, Pôle Yvon Morandat, Pivot Panda, Sowell
> Nos actualités sur l’environnement