La Nuit : telle est la thématique principale dévoilée lors de la conférence de presse de la troisième édition de Chroniques – Biennale des imaginaires numériques qui se déroule du 10 novembre 2022 au 22 janvier 2023 à Aix-en-Provence, Marseille et Avignon. Après avoir évoqué les thèmes de la lévitation en 2018 et de la quête de l’éternité en 2020, la Biennale donne la parole à 67 artistes nationaux et internationaux qui invitent le public à découvrir leurs œuvres et à se questionner sur le rapport des sociétés actuelles à la nuit.
« L’édition est basée sur la thématique de la nuit avec ses aspects merveilleux. C’est un récit de nouveaux imaginaires » explique Sophie Joissains, maire d’Aix-en Provence et vice-présidente de la région Sud Paca. Nicole Joulia, vice-présidente du Département des Bouches-du-Rhône et déléguée à la culture ajoute : « Le rêve et la créativité installent la nuit dans un focus de positivité ».
Mais, dans un monde dominé par les nouvelles technologies, Mathieu Vabre, co-directeur de Seconde Nature et Zinc – les deux associations organisatrices de l’évènement – et directeur artistique de la Biennale questionne : « Le noir de la nuit existent-ils encore aujourd’hui ? C’est une question qui alimente un débat majeur. L’apparition des lumières blanches dans les villes a créé un point de non-retour : il ne fera plus jamais nuit. En plus de la pollution visuelle, elles instaurent une espèce de panoptique de surveillance. Les nouvelles technologies, les écrans, font que nous ne sommes jamais déconnectés, même la nuit. »
Biennale des imaginaires numériques : les différents visages de la nuit
La nuit est un espace de création certain pour les artistes à travers les concepts de rêves, cauchemars, métamorphoses du corps et de l’inconscient. Cependant, la thématique de cette troisième édition permet également d’évoquer les différents visages de la nuit : les soirées festives et colorées, les ruelles sombres qui inquiètent et qui sont perçues comme un espace à contrôler, les nuages de pollution émis par les usines, les écrans de publicité éclairés, les points lumineux qui s’allument à la tombée de la nuit et qui ne s’éteignent plus qu’au petit matin…
Si la nuit fascine, il est indéniable que sa préservation est devenue une priorité : en juillet 2021, plus de 80 % de la population mondiale vivait sous un ciel pollué par la lumière, un chiffre qui s’élève à plus de 99 % pour les populations européennes et américaines. Plus inquiétant encore, la situation ne fait qu’empirer : la pollution lumineuse augmente deux fois plus vite que la population mondiale. La vie humaine contribuerait à la mort lente du noir de la nuit.
La thématique de la troisième biennale des imaginaires numériques s’inscrit donc dans une question d’actualité brûlante : comment continuer à assumer la hausse du nombre d’éclairages publics (+ 94% en 20 ans) à l’heure d’une crise mondiale du prix de l’énergie liée au conflit russo–ukrainien ?
Liens utiles :
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