Le Comité de coordination inter-logistique (CCIL) de l’axe Méditerranée-Rhône-Saône s’est réuni le 24 mai après une première étape en juillet dernier. Les membres du comité (détails dans le communiqué) ont acté le déploiement du logiciel CI5 développé par Marseille Gyptis International (MGI) pour devenir « une communauté digitale portuaire unique » et accélérer sur le développement du fluvial en France. Il reste à avancer sur l’éventuelle structure qui portera cette« communauté» et la localisation de son siège.
Développer la filière conteneurs du fluvial avec MGI
« Tout le monde s’est mis d’accord pour se dire que le fluvial était l’avenir et qu’il fallait se mobiliser au niveau régional et national. On avance dans le même sens et c’est agréable », relate Léa Loriquet-Ventura, la directrice générale de l’Union maritime et fluviale de Marseille-Fos (UMF) qui a siégé au CCIL. Interrogée par Gomet’, elle souligne que l’accent doit être particulièrement porté sur le trafic de la filière conteneurs du fluvial.
Un certain nombre de mesures ont été annoncées à l’issue de cette réunion. Le chargement des barges va être facilité sur les terminaux de Fos « prochainement accompagné d’une aide financière. » La compagnie nationale du Rhône (CNR) s’engage à intégrer dans les appels d’offres de sous-concession, dont les candidats seront annoncés en juillet, les principaux ports du Rhône (Valence, Arles) et « en particulier le terminal conteneurs de Lyon ». Les deux terminaux à conteneurs de Lyon vont également fusionner pour« avoir un seul acteur et donc fluidifier le trafic», mais aussi pour« créer une zone de stockage à conteneurs pour l’import et l’export», explique Léa Loriquet-Ventura.
Surtout, le CCIL a validé le déploiement tant attendu d’un outil commun pour fiabiliser et fluidifier les trafics de la zone d’ici fin 2024 : le logiciel CI5 développé par MGI, une filiale du port de Marseille-Fos et de l’UMF. « Un formidable atout pour l’axe », selon Stéphane Boumendil, chargé de mission pour l’UMF. Le coût de l’implantation à Sète, Toulon et sur l’axe du Rhône est estimé à 800 000 euros. Il sera pris en charge par MGI, le GPMM, le port de Sète (Région Occitanie) et la CNR (Engie). Le modèle économique et juridique sera examiné en décembre, lors du prochain conseil de coordination. « Cette solution est déjà implantée sur l’axe, elle sera donc facilement transposable aux ports qui ne l’utilisent pas encore», souligne la directrice de l’UMF.
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L’union des ports du sud : une structure doit encore être déterminée
Le rapprochement des ports du Sud est en marche donc grâce à la digitalisation. Mais d’autres sujets restent en suspend. La structure de cette union sous une même entité n’est pas tranchée. Contrairement au Grand port fluvio-maritime de l’axe Seine « Haropa port » – fruit de la fusion des ports du Havre, de Rouen et de Paris – dont le foncier appartenait à l’État, la situation de l’axe Méditerranée-Rhône-Saône est plus complexe. « Entre Lyon et Marseille le foncier appartient à la CNR, aux terminaux, aux ports intermédiaires (Arles, Valences…) jusqu’en Bourgogne. Ce qui complexifie la création d’une structure unique », explique Stéphane Boumendil.
La potentielle fusion des ports du Sud a été écartée par Christophe Castaner, le président du conseil de surveillance du port Marseille-Fos. « Il ne s’agit pas comme pour Haropa de fusionner plusieurs grands établissements publics. Il s’agit au contraire d’une union de développement avec le monde économique et des aménagements nécessaires », avait-il précisé en janvier 2023 en présentant les résultats du GPMM.
Le comité annonce néanmoins, dans son communiqué, que les opérateurs planchent sur un catalogue foncier des sites du nouvel ensemble fluvio-maritime d’ici fin 2023, début 2024. Ce document sera en lien avec le schéma directeur qui devrait être achevé au premier trimestre 2024 pour identifier « les gisements fonciers pour accueillir des implantations industrielles et logistiques en cohérence avec le projet, à court, moyen et long terme. »
Emmanuel Macron :«Marseille doit devenir la tête de pont de l’axe Rhône-Saône »
Le communiqué transmis par le gouvernement le précise : la deuxième réunion a été présidée par la préfète de la Région AURA, « coordinatrice» de l’axe Rhône-Saône, « en présence » du préfet de la Région Sud, Christophe Mirmand et de Christophe Castaner. La sémantique utilisée affirme que la Région Aura aurait le lead sur la coordination des échanges car la Région Sud est déjà en charge de mener le plan « Marseille en grand » annoncé par Emmanuel Macron le 2 septembre 2021.
Dans son discours du Pharo, le Président avait affirmé sa volonté de redynamiser l’axe pour relancer les synergies entre Lyon et Marseille : « le lien entre le port et l’hinterland européen fera l’objet d’aménagements nouveaux et d’investissements exceptionnels. J’en prends ici l’engagement. Surtout, Marseille doit devenir la tête de pont de l’axe Rhône-Saône. »
Mais la gouvernance de ce comité est encore floue. Et, de fait, la localisation du poste de pilotage n’est pas actée. Pourtant, Emmanuel Macron était très clair dès le départ : « La transformation du port maritime en un grand port fluvio-maritime allant de Marseille à Lyon doit se faire, conservant son siège à Marseille, à travers une concertation avec les équipes de Lyon, permettra de lancer une infrastructure intégrée nouvelle. » Certaines lenteurs administratives pourraient, selon nos informations, venir des divergences entre la Première ministre, Élisabeth Borne, qui préfèrerait installer le commandement à Lyon et, le Président, qui a fixé la ligne dans son ambition« Marseille en grand.»
Rappelons que ce rapprochement entre les ports de l’axe fluvio-maritime avait été initié sous Jean-Christophe Baudouin, délégué interministériel au développement de l’axe portuaire et logistique Méditerrannée-Rhône-Sâone en 2017. Il se poursuit mais… à tâtons.
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