La société marseillaise Provepharm, qui commercialise des produits pharmaceutiques, a fêté il y a quelques jours son 25e anniversaire. Une nouvelle année toujours placée sous le signe du développement et de l’expansion pour le président directeur général du groupe Michel Féraud, qui a en tête un pays bien précis : les Etats-Unis. A l’occasion d’une conférence de presse organisée au siège de l’entreprise à Château-Gombert le 21 mars, il a réitéré sa volonté d’y étendre davantage ses activités.
Accélérer aux Etats-Unis
Provepharm a commencé à s’exporter au pays de l’Oncle Sam dès 2020 avec le rachat de la société américaine Apollo Pharmaceuticals, aujourd’hui complètement intégrée au sein du groupe et de son autre filiale américaine basée à Philadelphie. Provepharm y commercialise dans un premier temps sa solution à base de bleu de méthylène, intitulée Provayblue. L’an passé, Provepharm a également obtenu l’autorisation de l’autorité américaine, la FDA (Food and Drug Administration), pour la commercialisation d’un colorant injectable appelé Bludigo, à base de carmin d’indigo, notamment utilisé pour mieux visualiser lors d’interventions chirurgicales urologiques ou gynécologiques. Provepharm s’apprête en outre à franchir une nouvelle étape dans son implantation américaine avec l’ouverture prochaine d’une filiale à New York.
A ce jour, Provepharm emploie une trentaine de personnes aux Etats-Unis, sur un effectif total de 125 salariés, et envisage des embauches supplémentaires. L’accent est clairement mis sur l’accélération de l’activité de l’entreprise outre-Atlantique. Provepharm compte d’ailleurs une personne de nationalité américains parmi les six membres de son comité exécutif, preuve de la place accordée à ce pays dans la stratégie du groupe. « Nous devons penser global, plutôt que d’abord penser local puis d’exporter. Nous regardons indifféremment nos activités américaines et européennes », explique le PDG.
Une stratégie de croissance externe couplée à un développement interne
L’activité de Provepharm a été fortement boostée en 2021 grâce à une levée de fonds de 120 millions d’euros, confortée par un chiffre d’affaires croissant qui se hisse à 77 millions d’euros à la fin 2022. En parallèle des Etats-Unis, Provepharm poursuit sa progression en Europe et vient de créer une joint-venture en lien avec son partenaire allemand, l’entreprise Dr Khoeler. Enfin, le groupe pharmaceutique fondé par Michel Féraud se lance également au Royaume-Uni avec la création d’une filiale à proximité de l’aéroport d’Heathrow, dans le nord de Londres. A ce jour, Provepharm est présent dans plus de trente pays. « Notre objectif, à terme, est de travailler à 90% en direct, et à 10% en indirect pour quelques pays comme le Brésil ou la Malaisie » explique Michel Féraud. Pour l’heure, Provepharm travaille « en direct » aux trois-quarts de son activité « avec des équipes au contact des chirurgiens.»
La stratégie 2023 de Provepharm s’inscrit donc dans la continuité des années précédentes, avec un mantra : avoir une croissance externe pour permettre un meilleur développement interne, et ainsi maîtriser de bout en bout la chaîne de production, depuis le dépôt de brevet jusqu’à la commercialisation. « J’aime maîtriser pour ne pas dépendre des aléas. Cela permet d’éviter qu’un grain de sable ne vienne bloquer toute la production » précise Michel Féraud.
Faire le pont entre l’Europe et les Etats-Unis
Cette année, Provepharm attend des autorisations de mise sur le marché pour six nouveaux produits, en plus de la vingtaine déjà commercialisée dans le monde. Au total, l’entreprise mobilise 23% de son chiffre d’affaires – qui se chiffre à 77 millions d’euros en 2022 – à de la recherche et du développement. Mais ce n’est pas tout. Conscient d’être « un laboratoire de taille moyenne », Provepharm a trouvé une tactique pour se démarquer de ses concurrents. L’entreprise rachète ainsi des molécules à d’autres laboratoires plus grands afin de les commercialiser aux Etats-Unis ou en Europe sous la bannière Provepharm.
« Par exemple, certains grands laboratoires américains ne souhaitent pas faire les démarches d’autorisation de mise sur le marché en Europe, ou inversement des laboratoires européens pour le marché américain. Nous rachetons donc les molécules et nous occupons des démarches pour commercialiser ensuite sous notre nom » détaille Michel Féraud. Provepharm a d’ailleurs acquis récemment deux molécules auprès de laboratoires européens dont Michel Féraud ne souhaite pas dévoiler le nom et pour lesquelles l’entreprise attend des autorisations de mise sur le marché aux Etats-Unis.
Une nouvelle usine en France hors de la région pour Provepharm ?
Si Michel Féraud affiche de grandes ambitions à l’international, Provepharm ne néglige pour autant pas son développement dans l’Hexagone. A proximité de son siège de Château-Gombert, Provepharm a ainsi mis une option dès 2021 sur un site de 9000 m² pour « continuer la maîtrise de sa production », comme il l’évoquait dans une interview accordée à Gomet’. Un site détenu par la Soleam, avec qui Provepharm est en discussion. Problème : à nouveau interrogé par Gomet’, Michel Féraud laisse entendre que les discussions avec la société d’aménagement patinent. « Le projet n’avance pas à la vitesse à laquelle j’aimerais qu’il avance », confie-t-il.
Par conséquent, poursuit le PDG, si le projet est toujours d’actualité, Provepharm réfléchit à des solutions alternatives pour accroître sa production. Et cette solution pourrait bien sortir des frontières marseillaises, voire régionales. « Il n’est pas obligatoire que nous restions collés à notre siège. Nous réfléchissons à la possibilité d’avoir des unités de production à proximité de nos sous-traitants » poursuit Michel Féraud. Parmi les sous-traitants de Provepharm, l’entreprise Cenexi, dont le siège social est situé en Île-de-France … In fine, « les opportunités qui se présenteront détermineront notre choix » tranche Michel Féraud.
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