Le 11 janvier dernier, le maire de Marseille annonçait la création d’un nouveau poste de police municipal sur la Canebière. Mardi 16 janvier, c’était au tour de la Préfecture de police de présenter sa nouvelle stratégie pour renforcer la sécurité dans le centre-ville. En effet, malgré les bons chiffres affichés par les statistiques – baisse des cambriolages et vols à la tir, doublement des interpellations dans le cadre de la lutte contre le trafic de stupéfiants -, le sentiment d’insécurité persiste : « Nous ne pouvons pas opposer les chiffres au sentiment des commerçants et des passants. Il est de notre devoir de les prendre en compte », affirme ainsi la préfète de police Frédérique Camilleri à l’occasion d’une conférence de presse organisé au commissariat de Noailles, aux côtés du procureur de la République Nicolas Bessone et du nouveau directeur interdépartemental de la police nationale Cédric Esson – qui a pris ses nouvelles fonctions en janvier 2024.
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Si l’on ne peut s’empêcher de penser que cet engouement soudain pour la sécurité en centre-ville s’explique par la tenue imminente – en mai prochain – des Jeux olympiques à Marseille, la préfète fait une mise au point : « Ce plan n’a pas seulement été élaboré dans la perspective des JO, même si les mesures qu’il met en place vont nous servir en vue de cet événement. Il va perdurer au delà. J’aurai l’occasion de dévoiler plus tard un dispositif spécifique aux JO. »
Nouvelle brigade dédiée au centre-ville et commissariat mobile
Parmi les mesures phares annoncées par la préfecture de police, la création d’une brigade dédiée au centre-ville de Marseille. Déjà expérimentée depuis le début d’année, la “Brigade spécialisée de terrain (BST) journée”, de son nom, est composée de dix policiers qui patrouilleront sept jours sur sept, de 9h à 20h, à pieds dans tout le centre-ville, plus particulièrement dans le secteur de Noailles afin « d’occuper le terrain » face aux vendeurs à la sauvette. Leur mission principale consistera à aller au contact des commerçants et passants pour faire remonter d’éventuels problèmes, mais aussi de réprimander les actes d’incivilités : ordures abandonnées, musique trop forte… Cette action viendra en complémentarité des patrouilles de CRS, dont la mission prioritaire sera orientée vers la lutte contre les points de deal.
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L’autre mesure principale annoncée par la préfète est la mise en place, pour compléter l’action de la BST, d’un commissariat mobile, sous forme d’un fourgon qui pourra se déplacer sur les sites les plus problématiques, parmi lesquels le secteur Pressensé, vers la halle Puget, où l’activité des dealers a failli faire fermer la faculté Colbert d’Aix-Marseille Université en octobre 2023.
En effet, parmi les priorités citées par la préfète, trois « points noirs » reviennent : la vente à la sauvette, donc, mais aussi le trafic de stupéfiants, très intense en centre-ville. « Là où il y a des consommateurs, il y a des dealers…» commente Nicolas Bessone. Enfin, côté police judiciaire, le procureur veut lutter plus efficacement contre les incivilités routières et mise sur les peines de confiscation du véhicule ou de saisie des engins. Les contrôles routiers devraient en outre être renforcés.
Frédérique Camilleri : « Nous sommes toujours plus efficaces »
Frédérique Camilleri rappelle les apports du plan Marseille en grand, qui ont permis le renforcement des effectifs de police nationale à Marseille avec l’arrivée de 450 nouveaux agents, répartis entre la sécurité publique et la police judiciaire. « Depuis trois ans, on a créé de nouvelles brigades. D’années en années, nous sommes toujours plus efficaces. Nous arrivons à faire face avec les moyens qu’il faut » défend la préfète lorsqu’on l’interroge sur d’éventuels manques d’effectifs dans la police nationale, malgré les récentes arrivées.
Elle précise néanmoins que ces effectifs devraient être encore renforcés avec la nouvelle promotion sortante de l’école nationale de police. Côté police judiciaire, en revanche, le procureur Nicolas Bessone se montre moins enthousiaste. Il espère une augmentation prochaine des effectifs pour accompagner la récente réforme de la police, entrée en vigueur en janvier : « L’intérêt de cette réforme, c’est que la police judiciaire puisse s’occuper aussi bien des affaires liées à la vente à la sauvette que les règlements de compte. J’émets le souhait que cette nouvelle organisation va donner davantage de moyens à l’investigation. Il faut que cette meilleure organisation s’accompagne d’une hausse des effectifs pour agir de manière plus efficiente. » En effet, la réforme évoquée place l’ensemble des forces de police nationale au même niveau sous l’égide d’une directeur interdépartemental, Cédric Esson.
A noter que sur les ordres du ministère de l’Intérieur, les brigades sur le terrain en centre-ville seront renforcées par les forces de la police aux frontières, afin de lutter plus efficacement contre l’immigration irrégulière. « Aujourd’hui, 67% des faits de délinquance à Marseille sont commis par des étrangers » explique Frédérique Camilleri, qui précise cependant qu’il n’est pas possible de savoir si ces étrangers sont en situation régulière ou non. L’objectif est donc d’accentuer les contrôles dans le centre-ville de Marseille et, en cas de situation irrégulière, placer en centre de rétention administrative ou engager une procédure de renvoi vers le pays d’origine.
Des nouvelles caméras de vidéosurveillance déployées en centre-ville ?
Les forces de la PN devront en outre s’articuler avec la police municipale, qui s’installera dans un nouveau poste de police sur la Canebière, à quelques mètres du commissariat de Noailles. « Tout ce que la mairie peut faire pour renforcer la sécurité est positif. Il nous faudra développer des approches coordonnées, par exemple dans l’optique de patrouilles communes. Notre idée de commissariat mobile s’inscrit aussi dans une logique de sécurité de proximité », commente la préfète, qui rappelle cependant que les champs d’action cités – lutte contre les trafics de drogue, vente à la sauvette – relèvent davantage de la compétence de la PN.
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Préfecture de police et mairie travaillent aussi conjointement au déploiement plus large de la vidéosurveillance en centre-ville, une compétence municipale. Ainsi, « des dizaines, voire des centaines de caméras doivent être installées prochainement », affirme Frédérique Camilleri. Dans le cadre du plan Marseille en grand, c’est un objectif de 500 caméras supplémentaires qui est visé, en plus des 1600 déjà existantes.
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