Sur la Porte d’Aix, vous avez mis la pression sur le promoteur Cogedim et sur Euroméditerranée pour réclamer plus de compensations environnementales aux programmes immobiliers en cours de réalisation. Mais finalement, le collectif de la Porte d’Aix vous reproche de laisser bétonner cet espace. Que leur répondez-vous ?
M. C. : Depuis le début, ce projet a été mal géré. Il a trop trainé en longueur laissant s’installer des populations marginalisées sur cette place en friche dans des conditions de vie qui ne sont pas souhaitables. Il faut dorénavant prendre cette réalité en compte. Aujourd’hui, nous sommes interpellés par les associations sur des risques géologiques et archéologiques, mais c’est le rôle de l’État de répondre à ces questions. Nous avons demandé au préfet d’agir en ce sens avec l’organisation d’une table-ronde entre les différents acteurs et les associations. Mais par contre, la Ville n’a aucune compétence sur les services de l’État qui doivent réaliser les études. On reste donc vigilant. Mais globalement, l’idée de base de faire de la porte d’Aix un pôle étudiant me semble la bonne option. Cela fait sens avec la proximité de la faculté et de la gare Saint-Charles. Ça peut attirer un nouveau public jeune qui impulsera une nouvelle dynamique au quartier.
Toujours sur le périmètre Euromediterranée, il y a la façade littorale qui appartient au Grand port maritime entre l’Estaque et le Mucem. Souhaitez-vous que le port ouvre davantage son territoire aux Marseillais ?
Nous sommes une ville de bord de mer qui se construit dos à la mer. Il faut que cela s’arrête
Mathilde Chaboche
M. C. Oui, cela ne fait aucun doute. Nous sommes une ville de bord de mer qui se construit dos à la mer. Il faut que cela s’arrête. Après, j’entends qu’il y a une activité économique sur le port qui est indispensable à Marseille. Alors, il faut trouver le juste équilibre. Je pense qu’il y a la place pour laisser les habitants se balader sur cette partie du bord de mer, y faire du sport. Par contre, l’idée de s’y baigner me semble compliquée à cause de la pollution et des contraintes de sécurité. Entre la Joliette et le Mucem, j’aimerais voir s’installer de nouveaux lieux de culture, des bureaux d’activités avec des secteurs innovants autour des métiers de la mer.
Vous avez annoncé votre souhait de réviser le Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) du territoire Marseille Provence. Quelles sont vos propositions ?
M. C. On a déjà fait 50 propositions pour la première modification et on va en avancer 200 au total pour le deuxième round qui s’annonce avec l’enquête publique prévue à l’automne prochain. Nous allons pousser deux sujets principaux. Le premier est la préservation de l’environnement et plus particulièrement du foncier agricole qui entoure la ville, notamment du côté du canal de Marseille. Ensuite, nous voulons davantage de logements sociaux. Aujourd’hui, les promoteurs sont obligés de les construire pour des opérations de 80 logements. Ce seuil est encore trop haut, on voit trop d’opérations rester en dessous pour éviter d’être soumis à cette obligation. On travaille encore sur le seuil précis à établir, mais il faudra certainement aussi prendre en compte la surface des bâtiments. Certains promoteurs font de très grandes opérations avec de grands appartements évitant ainsi d’avoir à inclure des logements sociaux.
Retrouvez la première partie de notre interview.
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