Lionel Canesi, président de l’Ordre des experts-comptables Marseille-Paca a repris l’organisation des Club Ethic Eco qui permettent aux professionnels de l’économie du droit et de la politique de se confronter périodiquement aux questions éthiques avec des intervenants de haut niveau.
Après la période anxiogène que venons de vivre avec la crise du covid-19, après les multiples décisions, prises et contestées, il était nécessaire de s’interroger sur la portée éthique des choix et sur les réflexions que génère une telle pandémie.
Sous l’impulsion de Mohamed Laqhila député Modem et ancien président du Conseil régional de l’ordre des experts-comptables, un Club Ethic Eco exceptionnel s’est tenu le lundi 15 juin en visioconférence sur un thème qui fait notre actualité et notre quotidien depuis trois mois : « Quelles responsabilités pour chacun d’entre nous face aux enjeux que nous vivons et notamment pour les décideurs, entrepreneurs et employeurs ? »
Logique sanitaire versus logique d’humanité
Le professeur de médecine et chercheur marseillais, ancien ministre de la Santé, Jean-François Mattei (2002-2004) reconnaît la problématique éthique de cette période avec une tension entre l’éthique de responsabilité et l’éthique de conviction. L’opinion, reconnaît l’ancien ministre, joue un rôle important avec la « difficulté et la nécessité de respecter les libertés individuelles. »
« Il fallait diminuer la circulation du virus donc celle des humains, donc leur liberté. »
Jean-François Mattei
« Le virus voyage avec les humains, explique-t-il, il fallait diminuer la circulation du virus donc celle des humains, donc leur liberté. » Les bienfaits du confinement, ses résultats ont évité d’avoir à gérer la sélection des malades dans les services de réanimation où tous les patients ont été pris en charge. Dans les Ephad se heurtaient reconnait-il « la logique sanitaire versus la logique d’humanité », c’est un choix éthique « de mourir de maladie ou de mourir de solitude ». La décision devait être prise, mais elle manquait évidemment d’humanité.
Dans les écoles, « nous avions un objectif majeur de protéger les personnes de l’épidémie, de sauver des vies, mais nous avons aujourd’hui des enfants décrocheurs ». Chaque décision, a-t-il été souligné dans le débat, était un choix. « Compte tenu des circonstances, affirme Jean-François Mattei, la crise a été gérée au mieux, de façon graduée et les décisions ont été bien prises ».
Philippe Berta, député (Modem) du Gard se dit « fier d’appartenir à un pays qui a fait le choix de la santé avant celui de l’économie ». Comme il avait déjà souligné lors du grand débat de Gomet’ consacré au secteur santé en avril dernier, le député regrette que la France décroche en matière d’investissement dans la recherche, ce qui explique pour partie nos difficultés sanitaires. « Nous étions la quatrième puissance mondiale en matière de recherche, nous sommes passés en 7e position » déplore-t-il et il promet à l’Assemblée de faire entendre la voix des chercheurs. Il regrette aussi le vent de défiance vis-à-vis des autorités, de la science, de la médecine qui fait que les Français ne se vaccinent pas et que des épidémies qui devraient être maîtrisées soient encore gravement mortelles.
En conclusion le Professeur Mattei en appelle à l’humilité, la science ne sait pas tout, ne peut pas tout, au « courage » en prenant exemple sur les soignants et à « la résilience » pour faire face aux difficultés à venir.
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