Le Comité français de l’UICN a renouvelé en février sa gouvernance, avec notamment des Provençaux de talent.
Qu’est l’UICN dans le monde et en France ?
Rappelons que l’UICN – Union internationale pour conservation de la nature –, ou IUCN en anglais, fondée en 1948, rassemble des États, des organismes gouvernementaux et un large éventail d’organisations non-gouvernementales au sein d’une alliance unique de plus de 1000 membres dans 148 pays, et que son Comité français mène des actions pour répondre aux enjeux de la préservation de la biodiversité en France et dans le monde, « pour un monde juste, qui valorise et conserve la nature.»
La France est le deuxième pays par le nombre des membres et le deuxième comité national de l’UICN. Le Comité français de l’UICN a été créé il y a plus de 30 ans, en 1992, sous forme d’association loi 1901. Réseau des organismes et des experts (plus de 250) de l’union internationale pour la conservation de la nature en France, il regroupe actuellement deux ministères, sept établissements publics, six collectivités locales et 59 organisations non-gouvernementales, dont dans notre région la Ville de Marseille et la Métropole Aix-Marseille Provence, l’association pour la connaissance et la conservation des cétacés Mira Ceti à Martigues et l’Institut Océanographique Paul Ricard des Embiez.
Une gouvernance maintenue
Le 9 février, ces 74 membres du Comité français de l’UICN ont renouvelé pour trois ans :
- Maud Lelievre, de LPO France, à la présidence de l’association (Gomet l’avait interviewée lors de sa précédente mandature),
- ainsi qu’un nouveau Bureau, au sein duquel on retrouve (parmi d’autres) quatre provençaux engagés :
- Jean Jalbert, directeur général de la Fondation Tour du Valat (centre d’observation des zones humides en Méditerranée créé par Luc Hoffmann en 1954, basé au Sambuc en Camargue) et vice-président du Conservatoire du Littoral, qui était intervenu aux Rencontres de la finance verte et solidaire organisées par Gomet’ en novembre 2023, est reconduit vice-président du Comité français de l’UICN.
- Sébastien Mabile, de la Société Française pour le Droit de l’Environnement (SFDE), est également re-nommé vice-président. Il explique à Gomet’ que « la région provençale est bien représentée au bureau et parmi les membres », et que lui-même est « depuis 10 ans membre du comité français de l’UICN, dont trois ans déjà en vice-président et auparavant président de la commission droit », en tant qu’avocat spécialisé dans le droit de l’environnement. L’avocat rappelle que la loi Climat et Résilience de 2021 a inscrit le délit d’écocide dans le Code de l’environnement en France et prévoit jusqu’à 10 ans d’emprisonnement et de fortes amendes, mais ce n’est pas un crime et une intentionnalité doit être prouvée, et que l’Union européenne entérine progressivement dans son droit les crimes contre l’environnement. Maître Mabile est particulièrement investi dans la dé-plastification et a organisé un récent colloque sur ce thème avec le Mas Baudran, dont il est co-fondateur et administrateur, la résidence artistique du climat et du vivant en Camargue. Enfin, il est très vigilant sur la protection des paysages de Camargue, “une des zones écologiques les plus sensibles de France, avec son parc régional, ses réserves naturelles et ses sites Natura 2000“. Il estime en réel danger l’équilibre historique qui avait été trouvé depuis des décennies en Camargue entre vie sauvage sanctuarisée, tourisme et activité industrielle (à l’Est vers Fos), à cause notamment des deux menaces actuelles, le contournement autoroutier d’Arles d’une part, et la création de la ligne électrique à très haute tension aérienne entre Fos et Jonquière d’autre part. La concertation à propos de cette ligne étant en cours, il milite pour qu’elle soit enfouie sous terre ou dans le Rhône, voire abandonnée, comme le précédent projet du Verdon stoppé par le Conseil d’Etat en 2006, et craint une radicalisation de l’opposition entre intérêts industriels et partisans de la nature.
- Valerie Omnes Collin, secrétaire générale de l’association pour la biodiversité Noé, qui a des bureaux à Marseille, est nommée trésorière.
- Le trésorier adjoint est Emmanuel Delannoy qui commente ainsi à Gomet sa nomination : “Pour ma part, je reste pour trois ans au Comité français de l’UICN, toujours en représentation de l’association Humanité et Biodiversité. En accord avec la Présidente Maud Lelièvre, je me consacrerai à cultiver et renforcer la relation avec les économistes de l’environnement et les entreprises et groupements d’entreprises, toujours dans cette perspective de faire basculer les modèles de production et les modèles économiques vers une compatibilité avec la dynamique des écosystèmes, et bien sûr pousser dans le sens de la régénération. J’avance aussi sur le sujet du biomimétisme avec une participation de l’UICN à l’édition 2024 de Biomim’Expo (11-12 juin 2024 à Paris). Par ailleurs, je rejoins cette année le groupe éthique du comité français de l’UICN.” Rappelons qu’Emmanuel Delannoy avait animé la fresque de l’économie régénératrice aux Rencontres de la finance verte et solidaire organisées par Gomet’ en novembre 2023 et était également intervenu lors des Rencontres du vélo et des mobilités douces à Marseille au printemps 2023.
Quel programme ?
La mission 2030 de l’UICN a été validée de la façon suivante : « Prendre des mesures urgentes pour stopper et inverser la perte de biodiversité, afin de mettre la nature sur la voie du rétablissement au profit des personnes et de la planète, en conservant et en utilisant durablement la biodiversité et en garantissant une utilisation équitable des avantages découlant de l’utilisation des ressources génétiques.»
Cette semaine, du 26 février au 1er mars 2024, l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature participera à la 6e session de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement, à Nairobi, au Kenya, session dont le thème cette année est « Des actions multilatérales efficaces, inclusives et durables pour lutter contre le changement climatique, la perte de biodiversité et la pollution ». L’UICN souhaite mettre l’accent sur les questions des solutions fondées sur la nature, de l’économie circulaire et de la restauration des écosystèmes transfrontaliers.
Souvenez-vous, en septembre 2021, le dernier Congrès mondial de la nature (quadriennal) s’était tenu à Marseille (bilan de Gomet ici et bilan officiel là). L’UICN est maintenant engagée dans la préparation du prochain Congrès mondial de la nature de l’UICN, qui se déroulera du 9 au 15 octobre 2025 à Abu Dhabi aux Emirats arabes unis. Décidément, après la COP 28 à Dubaï, les Emirats se spécialisent en congrès mondiaux écologiques !